mercredi 14 avril 2010

Les fameux !!!


Depuis maintenant quelques années, Bordeaux et sa principale place, Pey-Berland, où se trouve entre autres la cathédrale et la mairie, souffrent d'une polémique concernant les entrées et sorties d'un parking souterrain : j'ai nommé, les trémies !
Le sujet fit tellement polémique que je ne m'y attarderai que très peu.
Je vous laisse déjà juger de la forme de l'ensemble pour que vous puissiez vous en faire votre principale opinion (cliquez sur la photo pour l'agrandir).

Plusieurs problèmes sont à noter dans cette réalisation :
- cela cache la vue des riverains de la place, du moins ceux qui se trouvent devant et au rez de chaussée. De la mairie, ils sont passés à des plaques de verres et des supports d'acier !
- cela défigure la place. Il ne faut pas être un génie de l'architecture pour voir que Pey-Berland est mise à mal par cette réalisation douteuse.
- cela coûte cher : 350 000 euros pour la construction des deux trémies. A quoi il faut ajouter un entretien onéreux pour une structure qui rouille tous les quatre matins !
- enfin, deux problèmes de morales politiques : Alain Juppé s'est engagé à les faire démonter durant la campagne municipale mais on le sait, "les promesses de campagnes n'engagent que ceux qui les écoutent" comme le disait Henri Queuille. Ainsi, Monsieur le Maire est revenu sur ses propos pour deux raisons : d'abord parce que le démontage s'avèrerait trop cher (un comble quand on sait qu'ils ont déjà été démonté pour leur entretien). Ensuite pour respecter le travail de l'architecte qui a dû se donner beaucoup de mal pour réaliser pareilles immondices (une fois encore la photo parle d'elle même).
Espérons tout de même que le maire prendra à l'avenir ses responsabilité en ôtant de notre vue cet affront pour deux raisons : se faire pardonner de leur installation, respecter ses propres engagements !

Alhambra, photo de la façade.

Alhambra


Le Grand-Théâtre, le Français, les Folies Bergères, l'Alcatraz ou l'Alhambra. Voici une liste exhaustive des lieux de spectacle qui faisaient encore le bonheur des bordelais au début du XXème siècle. Aujourd'hui, il ne nous reste que le Grand Théâtre que son statut d'Opéra de la Ville et son architecture préservent de la bêtise humaine. Le Français (un article viendra plus tard) est devenu un cinéma dès les premières décennies de ce même XXe siècle. De même pour les Folies Bergères (ou théâtre Louit). L'Alcatraz est quant à lui partagé entre bar et bureaux (et habitations ?).
Pour ce qui est de l'Alhambra, il abrite désormais des particuliers qui vivent aujourd'hui en ses murs ou plutôt en son mur, son unique car du théâtre d'origine, il ne reste que la façade, la seule qui fut classée en 1984 (j'insiste sur ce point, la plus grande faille de l'inventaire du patrimoine, qui ne classe que par partie, engendrant la destruction de bâtiments entiers à l'exception, tantôt d'un escalier, tantôt d'un mur...).
Le résultat fut que l'œuvre de Tournier, bâtie en 1908 et ayant servie aux rassemblement de l'Assemblée Nationale (pendant que les Folies Bergères étaient utilisées par le Sénat), au moment où Bordeaux était la capitale de notre pays, l'Alhambra donc fut détruit intégralement : la salle, les loges, les murs et plafonds, en somme complètement. La façade n'est qu'une bien maigre consolation.
A mes amis bordelais et à nos potentiels, et tout aussi amis, touristes, les vestiges se situent rue d'Alzon. Cela vaut le coup d'œil car l'ensemble est superbe, ce qui nous fait d'autant plus regretter ce désastre vandale !

Ô désespoir !


Je pensais, et défendais autour d'un repas il y'a peu, que Bordeaux avait compris, après les années 60-70-80-90, que l'architecture dans une ville du siècle des Lumières se devait d'être exemplaire.
- D'abord, en accord avec les temps nouveaux, écologiquement responsable. Sur ce point, la chose a l'air imprimée dans les projets municipaux.
- Ensuite, historiquement responsable. C'est officiellement imprimé dans les mêmes projets mais ils doivent être suffisamment loin dans la conscience de la mairie et des architectes aux vues de ce qui se trame chaque jour à Bordeaux !
- Enfin, esthétiquement responsable, et là, rideau, rien n'est imprimé nulle part !

J'en veux pour preuve la dernière construction du quartier de Mériadeck (mon Dieu, Mériadeck...) qui est assez déstabilisante. Un long bâtiment aux fenêtres disséminées suivant la fantaisie de son créateur d'architecte avec un recouvrement de matière composite que certains ont encore l'audace d'appeler "recouvrement de pierres" ! Le tout soutenu par des couleurs, tout aussi déconcertante que la forme de l'ensemble, qui est d'une banalité lassante, visant (c'est mon avis) à imiter la couleur du liège. Bordeaux-vin-bouchon-liège...oh la la, ça mérite bien sept ans d'études !
Ainsi cher lecteur, en plus d'admirer l'originalité de l'œuvre ("je me marre" disait Coluche), je vous laisse apprécier l'architecture moderne du XXIème siècle et vous invite à ouvrir un ouvrage sur Jacques-Ange Gabriel ou Victor Louis pour découvrir ce que Bordeaux savait faire en des temps qui me paraissent aujourd'hui immémoriaux !

"Ceci n'est pas de l'Art"


Magritte le disait de sa pipe, je le revendique pour la dernière œuvre publique de Bordeaux ! Il s'agit d'une étrangeté peu commune mais approuvée pour le nom de ces auteurs : Ilya et Emilia Kabakov. Ces noms ne parlent qu'aux amoureux, connaisseurs ou détracteurs de l'Art contemporain, le plus étrange mais certainement le plus incompris...Aussi ai-je décidé de réflechir sur l'un de ses plus récents exemples, la Maison aux personnages. Le principe, construire une maison sur le chemin du tramway dans lequel on installe des figures censées représenter le quotidien d'une famille. Quel en est le but exact ? Je ne sais pas vraiment et je préfère rejoindre, chose ô combien exceptionnelle chez moi, la vindicte populaire du gaspillage des finances publiques ! Avec une autre optique néanmoins. Une majorité accuse la mairie de financer la construction d'une maison de pierre (qui dispose de l'électricité et d'un jardin tout de même) au moment où la crise du logement fait rage et où la construction de logements sociaux tardent. L'argumentation se tient mais je lui préfère la mienne : si la municipalité tient à investir dans l'Art, ce que je cautionne pleinement, alors qu'elle le fasse utilement en préservant celui que l'Histoire lui a laissé. Avec cet argent, on pouvait aisément rénover l'une des deux plus grandes chapelles de la cathédrale Saint-André, en piteux état dans son ensemble. Les bordelais et nos touristes en profiteraient d'avantage.
Toujours est-il que le choix fut différent de celui que j'aurais aimé applaudir et je préfère ne pas m'attarder sur le sujet.
Retenons le prix de cette dépense : 1 million d'euros ! Les sept chiffres parlent d'eux même et valent bien tous les bons discours...

lundi 8 juin 2009

Vandalisme (1)

Il y a peu, la mairie nettoyait toutes les statues de pierre du Jardin public. Malheureusement, la végétation luxuriante accélère le processus d'humidité, ce qui a pour conséquence de faire apparaître de la mousse sur les sculptures. Mais ce détail n'est rien à côté du vandalisme de certains.
Une statue, Un berger jouant de la flûte (par Henri Charles Maniglier, 1862) a récemment été dégradée : à l'heure d'aujourd'hui il lui manque un bras et par conséquent une partie de l'instrument. La question maintenant est de savoir comment ce membre a pu être défait de son propriétaire ? Simple vandalisme ou ballon égaré des enfants jouant sur les terrasses ?
Les services municipaux ne peuvent pas lutter contre l'œuvre de la nature, néanmoins, il est possible de faire cesser ces incidents. J'ai par exemple remarqué lors de ma dernière visite du parc que nombre d'enfants s'agrippaient aux statues, et souvent aux parties les plus fragiles (celles donnant le plus de prise) pour les escalader. Ainsi, notre pauvre ami Fernand Lafargue voyait sa face piétiner par l'innocence infantile. La volonté même du chérubin n'est pas de dégrader une quelconque sculpture : son seul crime est de vouloir s'amuser ; alors de cette constatation deux vérités et une question surgissent :
- 1ère constatation : les agents du parc ne sont pas assez attentifs ou sont trop peu nombreux
- 2nde constatation : l'aire de jeu des enfants faisant face à l'hôtel de Lisleferme est trop étroite pour accueillir chacun d'entre eux.

Quant à la question, elle est la suivante : que font les parents dans les moments où est mis en danger notre patrimoine ?
Mise en danger : le terme est fort mais pourtant les faits sont là et sont mathématiques : un doigt, même de pierre, ne peut résister à un poids de trente/quarante kilos !

Espérons qu'une réelle prise de conscience de certains et qu'une action efficace d'autres puissent faire cesser cet incivisme primaire ! Bordeaux ne doit pas être une vitrine intouchable de notre Histoire et se doit de déborder de vie, je le conçois. La ville ne peut seulement pas s'offrir le luxe de la moindre dégradation de ce côté là. Nous ne devons pas payer le prix fort pour ces bons sentiments mais plutôt prendre des mesures à la hauteur de l'acte (nous avons amplement passé le simple niveau de l'accident enfantin aujourd'hui).

vendredi 29 mai 2009

Les trois autres statues de la mairie

Le génie dégrossissant le masque de Jupiter : non il ne frappe pas le dieu des dieux, il sculpte son visage avec un burin : mais où est-il ?

Ci dessus, Nymphe de Diane qui n'a besoin que d'un ravalement
Ci dessus L'Apôtre qui n'a besoin que d'un ravalement.


Pour clore le temps d'un temps ces pages sur les statues, je veux vous présenter les autres œuvres de la mairie. Il y a quelques messages, c'est de Giotto enfant dont il était question. Dans celui ci, je souhaite faire état de l'Apôtre (Raoul Larche vers 1880), de la Nymphe de Diane (Jean Louis Rispal vers 1920) et du Génie de la sculpture dégrossissant le masque de Jupiter (Maggesi vers 1830).
Deux d'entre elles sont dans un état correct voir même dans un bon état général. L'autre a perdu quelques membres et son sens premier est corrompu par les dégradations du temps et la passivité des services municipaux. Alors le message sera clair et sans appel : n'attendons pas de voir la corrosion se poursuivre ou commencer, restaurons ces statues et nous serons tranquilles pour les années à venir : nous avons tout à gagner à prendre soin de ce patrimoine ornemental : il est trop maigre à Bordeaux pour que nous puissions laisser de côté une œuvre quelconque !