lundi 8 juin 2009

Vandalisme (1)

Il y a peu, la mairie nettoyait toutes les statues de pierre du Jardin public. Malheureusement, la végétation luxuriante accélère le processus d'humidité, ce qui a pour conséquence de faire apparaître de la mousse sur les sculptures. Mais ce détail n'est rien à côté du vandalisme de certains.
Une statue, Un berger jouant de la flûte (par Henri Charles Maniglier, 1862) a récemment été dégradée : à l'heure d'aujourd'hui il lui manque un bras et par conséquent une partie de l'instrument. La question maintenant est de savoir comment ce membre a pu être défait de son propriétaire ? Simple vandalisme ou ballon égaré des enfants jouant sur les terrasses ?
Les services municipaux ne peuvent pas lutter contre l'œuvre de la nature, néanmoins, il est possible de faire cesser ces incidents. J'ai par exemple remarqué lors de ma dernière visite du parc que nombre d'enfants s'agrippaient aux statues, et souvent aux parties les plus fragiles (celles donnant le plus de prise) pour les escalader. Ainsi, notre pauvre ami Fernand Lafargue voyait sa face piétiner par l'innocence infantile. La volonté même du chérubin n'est pas de dégrader une quelconque sculpture : son seul crime est de vouloir s'amuser ; alors de cette constatation deux vérités et une question surgissent :
- 1ère constatation : les agents du parc ne sont pas assez attentifs ou sont trop peu nombreux
- 2nde constatation : l'aire de jeu des enfants faisant face à l'hôtel de Lisleferme est trop étroite pour accueillir chacun d'entre eux.

Quant à la question, elle est la suivante : que font les parents dans les moments où est mis en danger notre patrimoine ?
Mise en danger : le terme est fort mais pourtant les faits sont là et sont mathématiques : un doigt, même de pierre, ne peut résister à un poids de trente/quarante kilos !

Espérons qu'une réelle prise de conscience de certains et qu'une action efficace d'autres puissent faire cesser cet incivisme primaire ! Bordeaux ne doit pas être une vitrine intouchable de notre Histoire et se doit de déborder de vie, je le conçois. La ville ne peut seulement pas s'offrir le luxe de la moindre dégradation de ce côté là. Nous ne devons pas payer le prix fort pour ces bons sentiments mais plutôt prendre des mesures à la hauteur de l'acte (nous avons amplement passé le simple niveau de l'accident enfantin aujourd'hui).

vendredi 29 mai 2009

Les trois autres statues de la mairie

Le génie dégrossissant le masque de Jupiter : non il ne frappe pas le dieu des dieux, il sculpte son visage avec un burin : mais où est-il ?

Ci dessus, Nymphe de Diane qui n'a besoin que d'un ravalement
Ci dessus L'Apôtre qui n'a besoin que d'un ravalement.


Pour clore le temps d'un temps ces pages sur les statues, je veux vous présenter les autres œuvres de la mairie. Il y a quelques messages, c'est de Giotto enfant dont il était question. Dans celui ci, je souhaite faire état de l'Apôtre (Raoul Larche vers 1880), de la Nymphe de Diane (Jean Louis Rispal vers 1920) et du Génie de la sculpture dégrossissant le masque de Jupiter (Maggesi vers 1830).
Deux d'entre elles sont dans un état correct voir même dans un bon état général. L'autre a perdu quelques membres et son sens premier est corrompu par les dégradations du temps et la passivité des services municipaux. Alors le message sera clair et sans appel : n'attendons pas de voir la corrosion se poursuivre ou commencer, restaurons ces statues et nous serons tranquilles pour les années à venir : nous avons tout à gagner à prendre soin de ce patrimoine ornemental : il est trop maigre à Bordeaux pour que nous puissions laisser de côté une œuvre quelconque !

jeudi 28 mai 2009

Il en manque un petit bout...


La corrosion n'est pas le seul souci que "se traîne" la fontaine. En effet, si nous regardons des photos datant d'il y'a environs quinze ans, nous nous rendons vite compte que la partie supérieure du monument manque à l'appel à l'heure où j'écris ce message. Voici une raison supplémentaire pour passer à l'action est redonner à la place une "fontaine complète"...

La photo jointe nous permet de distinguer la partie manquante et par la même nous montre avec précisions, les visages aujourd'hui quasiment disparus.

La fontaine du Parlement


Les statues ne sont pas les seules à subir tantôt les ravages du temps, tantôt le désintéressement des services municipaux. Si vous vous enfoncez dans le cœur historique de la ville, vous tomberez aisément sur la place du Parlement qui à en son sein une fontaine du même nom. Du Second Empire, elle alimentait les bordelais en eau. Aujourd'hui, merveille de "décoration urbaine", elle risque de perdre définitivement de sa superbe si on n'entame pas une restauration prochaine. La meilleure solution à mon goût constituerait au remplacement du monument par une copie comme cela se fait déjà dans certaines villes à l'image, par exemple, de la fontaine des Trois Grâces de Montpellier dont l'originale se dresse fièrement dans le vestibule du théâtre municipal.
Plus tôt cette entreprise sera effectuée, moins la corrosion affectera le faciès des éléments décoratifs ornant chacun des côtés comme le montre la photo présentée plus haut.

Message d'une statue en détresse

La statue est de Maggesi, date d'environs 1830 et représente Giotto enfant.
(Cliquez sur la photo pour une image plus grande, la dégradation est stupéfiante)

Alors que je commençais les précédents articles sur la statuaire de Bordeaux, je repensais aux quelques spécimens des jardins de la mairie et me décidais donc de publier un article sur la question. En me rendant dans les dits jardins, je tombais des nus en voyant une d'entre elle. Dans l'ensemble, aucune des quatre ne peut se vanter d'un entretien extraordinaire. Bien au contraire, mais celle là dépasse l'entendement. La photo que je vous présente ne sera peut être pas sans vous rappeler les malheureuses momies de plâtre de l'antique ville de Pompéi. Sans vouloir trop prolonger les détails macabres, l'image que la statue renvoie est assez proche de la putréfaction. Bref, vous l'avez compris, il s'agit là d'un bout de patrimoine urbain en détresse. Alors, et au moment où la mairie vient de subir un ravalement, peut on laisser, face à nos municipaux, de pareils dégradations se produire ?
J'espère que non et que très vite le dieu de la restauration se réveillera pour s'attarder sur le cas de ce nouveau patient...

mardi 26 mai 2009

L'enlèvement d'Iphigénie par Diane




D'autres statues que celle de Léo Drouyn ne peuvent prétendre à un aussi "bon état". Ainsi, nous avons l'exemple de L'enlèvement d'Iphigénie par Diane (1880, Félix Soulès) qui se trouve dans le parc bordelais autrefois placée dans les jardins de la mairie. L'état désastreux dans lequel la sculpture se trouve me fait rougir de honte lorsque je la présente à nos chers touristes et que je m'entends répliquer : "on ne peut pas dire que vos statues sont une priorité par ici". Affront suprême, c'est ma fierté de bordelais qui en prend un coup et celle d'historien qui ne peut lui donner tort...
Alors, espérons que les services municipaux se presseront d'intervenir pour une restauration prochaine avant que la corrosion n'intervienne trop dans le camouflage définitif des visages si délicatement sculptés et que le bras ne tombe, suivant l'exemple de feu sa jambe...

Léo Drouyn


Avant d'écrire dans les messages à venir une biographie du personnage, je tiens à éveiller votre attention sur l'état de son buste. Celui-ci se situe place Pey Berland, derrière la cathédrale. L'emplacement n'est pas d'origine puisqu'il se situait autrefois à l'extérieur des grilles qui aujourd'hui l'entoure.
Toujours est il qu'à l'image de nombreuses autres statues ou fontaines de Bordeaux, Léo Drouyn subit les tortures de la corrosion. Néanmoins, de tous, il n'est pas celui qui en souffre le plus, ce qui en fait donc la restauration la plus facile : il ne faudrait donc pas attendre qu'il ressemble à une tête sans visage (cas le plus commun)...
Je vous laisse seuls juges avec les photos ci dessus.

Monuments aux mobiles de la guerre de 1870-1871, état actuel


Monuments aux mobiles de la guerre de 1870-1871



Ce monument aux morts figure place de la République ancienne place Magenta. Il est dédié aux soldats mobilisés pour la dernière guerre du Second Empire qui opposa Napoléon III aux prussiens. Autrefois, il logeait au beau milieu de la place comme le montre la photo du message ci dessus mais aujourd'hui, la sculpture est condamnée à n'être que le podium des manifestations revendicatives des syndicats. Souvent enrubannée par les slogans de la CGT et autres organisations similaires, le monument affronte avec difficulté les intempéries dues au temps et les outrages de l'homme et du rat volant qu'est le pigeon.
Une question me vient donc à l'esprit : Comment la municipalité peut elle laisser un si bel ensemble dans un pareil état d'abandon ?
L'idéal bien sûr, à l'heure où est ouverte la réflexion sur le devenir de la place, il serait judicieux de rendre de lui rendre de sa superbe et la remettre là où elle était. Mais j'ai peine à croire que cette possibilité séduise la mairie qui trouvera toujours l'excuse du parking souterrain, à croire que l'Homme est incapable de régler cette histoire de poids...

Néanmoins, et j'en appelle au bon sens, il faut sauver le monument qui, après avoir été sauvé de la fonte nazi, ne pourra peut être pas subir une énième fissure en son socle, dangereusement affaibli...

lundi 25 mai 2009

Statues 2



Sadi Carnot et Louis XVI.

Statues 1



La statue de la Liberté et Vercingétorix.

Bordeaux et les statues de bronze

Impossible pour moi, amoureux de Bordeaux et de l'art statuaire, de ne pas faire une petite pause sur le sujet. La ville possède quelques statues. Malheureusement, nous sommes à des lieues de Paris où le jardin des Tuileries compte à lui seul plus de statue que Bordeaux ! Certains diraient que les allemands sont responsables de cette pénuries. C'est en partie vraie mais la ville se cache volontiers derrière cette antique excuse. A une époque où nombreuses sont les cités qui refondent les grandes figures de notre république, la mairie préfère commander des œuvres ostentatoires par tant mauvais goût.
Aussi, je vais faire une liste, photos à l'appui des statues que les nazis ont eu "la bonne idée" de fondre pour en faire des canons à partir du bronze. Imaginez pour la capitale des hommes comme Voltaire, Hugo ou Diderot aidant à tirer des obus...

La première fut la statue de la Liberté, cadeau de Bartholdi à la ville, qui se situait place Picard (aujourd'hui, une grotesque copie en résine, saccagée à chaque bourde du gouvernement américain, a pris place)
La seconde, Vercingétorix, qui se trouvait sur les allées Damour, actuelle place des Martyrs de la Résistance.
La troisième, Sadi Carnot, premier chef d'état français à avoir été assassiné depuis Henri IV ! Il se trouvait place Richelieu, actuelle Jean Jaurès.
La quatrième et dernière fut Louis XVI commandée par Louis XVIII pour orner la jeune place des Quinconces. Haute de plus de six mètres et entreposée dans le musée des Beaux Arts, notre consolation se trouve dans la peine que les nazis eurent à la sortir du bâtiment. (le musée d'Aquitaine dispose aujourd'hui de l'épée et...de la tête du roi. Une mauvaise plaisanterie ?).

Pourtant, certaines survécurent, des fois par chance, d'autres par hasard. Ainsi, nous savons tous que les chevaux des Girondins et leur cortège devaient être fondus bien que les historiens s'accordent à dire que l'occupant, par le soin tout particuliers qu'il a mis pour déboulonner l'ensemble, prévoyait de l'installer quelque part dans le troisième Reich. Quant à la Liberté se libérant de ses chaînes, elle eu la chance d'être épargnée parce que qu'aucune grue de l'époque et dans le périmètre bordelais ne put l'atteindre.
Nous sommes néanmoins curieux de savoir pourquoi Tourny et le monument aux mobiles de la guerre de 1870-1871 survécurent. La seconde peut être par le respect militaire du souvenir mais pour l'Intendant ?
Quant à Jeanne d'Arc, elle fut commandée par Chaban Delmas pour célebrer la Libération.

dans les pages à venir, j'étudierai l'hypothèse d'un éventuel retour de l'une d'entre elle.

Soutien aux agents de la mairie

La Ville essaye tant bien que mal de préserver l'hygiène en son enceinte ce qui n'est pas chose aisée face à l'incivisme de certains riverains. C'est d'autant plus regrettable qu'en plus des raisons d'hygiène déplorable qu'une poubelle renversée représente, l'image renvoyée est loin d'être glorieuse pour nos touristes (et pour les bordelais). Aussi, je tiens par ce message à remercier et à encourager les agents de la mairie du pénible, et ô combien indispensable, travail qu'ils effectuent à Bordeaux.
Enfin, à ceux qui considèrent que, formule classique, "la ville pourrait nettoyer la chaussée", je les invite à se renseigner sur les nombreux passages réalisés dans chaque quartier et qu'il vaut mieux s'en prendre aux dégueulasses plutôt qu'aux dignes serviteurs des (parfois) écuries d'Augias...

Photos rue du Hâ 2



Voici la façade principale et un gros plan sur l'entrée.

Photos rue du Hâ 1



Voici les photos promises dans l'avant dernier message. Vous pouvez voir le bâtiment de chaque côtés.

dimanche 24 mai 2009

Fontaine Fernand Lafargue




A droite nous pourrons apprécier la fontaine.





A gauche, apprécions la statue du Jardin Public, Fernand Lafargue, qui aurait été, ô combien mieux, sur la place du même nom.

Bon, on va faire une pause dans le registre des destructions pour passer à une nouveauté : l'art et le contribuable.
Je n'ai aucun problème à considérer l'art. Or, je crois que les conseillers en la matière de la mairie (et la mairie elle même) ne peuvent, de toute évidence, se vanter des mêmes qualités.

En effet, la ville est "meublée" depuis quelques années par une série d'œuvres diverses notamment sur le chemin du tramway. Certaines faisant partie de notre vie quotidienne ne dérangent finalement plus grand monde (j'y reviendrai). D'autres en revanche sont nettement plus gênantes et les bordelais, à mon goût, de s'habitueront pas plus à ces monuments de modernité des années 2000 qu'ils ne se sont habitués à ceux des années 70.

Il y'a maintenant plus d'un an prenait fin les travaux de la place Fernand Lafargue. Heureux du résultat, j'étais près, malgré la froideur de l'ensemble, à présenter le lieu à tous en comblant la mairie de compliments pour son choix. Seulement, mon regard est tombé sur un coin d'ombre de la place. Complètement à l'écart se dresse ce qui me semblait être un banc. En réalité, avec le recul, je dirais plutôt que nous avons là une baignoire. Pas du tout ! C'est une fontaine !
Il fut une époque où le doute n'avait pas de place lorsqu'on découvrait les nouvelles installations hydrauliques décoratives. Mais aujourd'hui, les temps ont changé et il faut souvent un très bon sens d'observation ou de déduction pour qualifier ce que le contribuable paye. Je vous laisse en juger par vous même avec la photo déposée dans ce message.

Je sais en tout cas que si on devait me poser la question :
"Selon vous, quelle est la plus belle fontaine de France et quelle est la moins belle ?"
, je répondrais alors sans hésiter :
"La colonne des Girondins à Bordeaux est la plus belle. La fontaine Fernand Lafargue à Bordeaux est la moins belle. "
Finalement, la ville peut s'enorgueillir d'une chose : elle abrite en son sein, le mieux et le moins bien.

Saint André - Bouygues - rue du Hâ

(photo Bouygues - Programme neuf). L'intérieur ne manque pas de charme bien qui si on regarde la photo avec plus d'attention, on s'aperçoit que les façades latérales sont loin d'être des vestiges d'époque...

Saint André

Aux débuts des années 2000, un nouveau projet voit le jour au sein de notre belle ville : il s'agit de l'ancien couvent (je crois) de la cathédrale Saint André. Ce très beau bâtiment, vraisemblablement du XIXème siècle, a survécu aux guerres, notamment aux bombardements de la seconde, et aux années dévastatrices que sont les décennies 60-70-80.
Pourtant, Bouygues Immobilier, partisans de chaque pouvoir en place, reçoivent l'autorisation d'en détruire une partie pour y construire des appartements hauts standing. Lorsque j'appris la nouvelle, j'étais jeune, j'acceptais l'idée de réhabilitation. Au fil des années, le projet en effet s'éternise, j'ai vu les murs tombés les uns après les autres pour ne plus laisser que la façade principale et quelques murs intérieurs : premiers ébahissements. Je me refuse alors à passer aux abords de la rue du Hâ, considérant que les massacres ne sont jamais beaux à voir. Pourtant, récemment, j'ai fait mon travail de passionné et suis allé voir ce qu'il en était en ce mois de mars 2009. Horreur et stupéfaction m'envahir, pourrais je dire pompeusement. Un bâtiment défiguré mais plus grave encore, le linéaire d'une rue massacré ! Des photographies à venir vous montreront que, malheureusement, je suis loin d'exagérer...
Je finirais en disant que la rue du Hâ paye aussi un lourd tribut. Des travaux interminables, une chaussée défoncée et un vacarme permanent sont le quotidien des riverains habitant la rue.

Alors, une question me vient à l'esprit : si une petite entreprises régionale anodine avait prit le chantier en main, en admettant que celui ci leur eut été donné, la municipalité leur aurait elle laissé autant de liberté(s) ? Faut il être un monstre de l'immobilier pour laisser ses bourreaux faire leur office ?
L'Histoire un jour le dira et s'en prendra aux principaux responsables, le maire, son conseil municipal et si elle y pense, les architectes des bâtiments de France...

samedi 23 mai 2009

Muséum d'Histoire Naturelle

Avant


Après

(images, Bordeaux.fr)

Il ne s'agit probablement pas de la première bourde des années Juppé mais indéniablement de la plus grande.

Inconditionnel du muséum, j'ai passé des heures entières à visiter ce lieu unique en Gironde et rare en France. La ville avait la chance d'avoir un musée qui baignait encore dans son "jus XIXème siècle". L'authenticité ! Voilà ce qui lui apportait tout son charme et toute son originalité. Les gens ne venaient pas tous pour pouvoir apprécier des animaux empaillé mais bien pour plonger dans une vitrine de la gloire passé de l'étude animale.
Malheureusement, une phase importante de travaux a récemment débutée engendrant ainsi la fin d'un établissement culturel de plus de 150 ans ! Je n'hésite plus à parler de fin du muséum depuis une longue conversation avec le personnel du lieu - conservateur, hôtesse d'accueil et agent de sécurité - passionné, tout comme moi. Ils répondirent il y'a quelques mois, à chacune de mes questions. J'appris ainsi que seul 1/1000ème des collection actuelles sera présentée au public bordelais courant 2012, date de la réouverture. Que les vitrines sont vouées à la disparition et que l'entrée ne se fera plus par la porte principale de l'édifice, ancien hôtel particuliers du nom de Lislefermes, mais par une autre qui sera creusée dans le Jardin public pour permettre l'arrivée des visiteurs par les sous-sols. Brillante idée que celle de défigurer d'avantage le parc de Tourny...

De toute évidence, la mairie a renoncer à comprendre la demande de ses concitoyens. Elle préfère détruire plutôt que construire : il aurait été plus intelligent de rénover le muséum et d'en construire un nouveau rive droite dans un périmètre proche du Jardin Botanique, préservant ainsi la logique Faune et Flore... Mais l'idée leur a telle seulement traversée l'esprit ? Probablement pas puisque nous sommes, en ce moment même, en train de perdre un joyau de notre culture : bientôt, l'innombrable collection de chouettes de toutes races sera remplacée par un spécimen unique que l'on présentera avec un décor en carton-pâte, de la mousse synthétique et une lumière version spectacle de fin d'année made in primar school !
De toute évidence, le choix fut fait seul, par des hommes et des femmes dépassés par les incommensurables logiques de préservation et de respect.
Deux points positifs néanmoins, l'accès pour les handicapés et la mise aux normes anti-incendie. C'est bien mais ce n'est qu'une maigre consolation...

Il ne me reste plus qu'à remercier les concepteurs du projets car il n'est pas donné à tous les maires de France de faire une connerie pareille !

Une trêve de destruction

La première décennie du mandat d'Alain Juppé s'est passée sans encombres majeures et le patrimoine bordelais a bénéficié d'une puissante rénovation :
façades ravalées, monuments restaurés, quais illuminés, arrivée du tramway, pavés déposés, arbres implantés, ..., en somme l'oeuvre parfaite.
Seulement, maintenant que le plus gros du travail est fait en cœur de ville, nous arrivons à l'époque où il est nécessaire d'ouvrir la concertation populaire à de nouveaux projets. Et là, les choses se corsent. Le passé destructeur est vite oublié et une nouvelle page neuve dans le domaine s'ouvre sur la ville.
C'est le sujet de plusieurs pages de critiques qui seront souvent sans appel envers le maire, son conseil municipal et bien sûr, les architectes, véritables créateurs d'outrages à l'Histoire, quant à la qualification de leurs nombreuses erreurs !

vendredi 22 mai 2009

C'est fini ?

Je crois avoir fait le tour des plus grandes erreurs de Jacques Chaban Delmas et de son conseil municipal pour ce qui est de l'architecture et je ne pense pas avoir pris un plaisir immense à ternir son image mais à sa décharge je dirais qu'une fois encore, il a exercer son métier de maire comme chacun à son époque et même mieux que beaucoup.

Ainsi se termine mon introduction, ce qui nous permet de commencer à entrer dans le vif du sujet, Bordeaux au XXIème siècle ; réalisations et projets.
Et j'ai le regret de dire que nombreuses encore, en 2009, sont les erreurs de la municipalité et que le patrimoine bordelais n'est pas encore entièrement assuré de passé la décennie dans sa totalité. Les bourdes de notre maire sont fréquentes, mais ça c'est l'avis d'un historien amoureux de sa ville qui ne toucherait plus à une pierre de plus de cinquante ans si on l'écoutait. Ah, si seulement on m'écoutait...

Le Tribunal de Grande Instance

(image, Bordeaux.fr)

Certains l'approprie à Alain Juppé mais c'est bien Jacques Chaban Delmas qui a lancé la construction du nouveau tribunal de Bordeaux. Il fut néanmoins édifié sous le premier mandat de l'actuel maire. A l'image de la caserne de la Bastide, il est une double erreur.

1 - Il fut construit en lieu et place du fort du Hâ, ancienne prison aux occupants illustres (notamment durant la Terreur). Les deux tours furent néanmoins préservées.

2 - Son architecture est offensante quand on connaît sa proximité avec le centre historique de la ville (seulement quelques dizaines de mètres entre la cathédrale et lui). Son concepteur est Richard Rogers, le "Jean Nouvel anglais". Il imagina une forme que les autorités de l'époque jugèrent audacieuse.
Pour ceux qui ne la comprennent pas, voici les explications qui vous amèneront dans la bulle des architectes "inventifs" : la forme du toit, en vague, rappelle justement l'océan tout proche.
Le mur de verre est une allégorie à la transparence de la justice.
Et ce que certains voient comme des œufs, des noix de coco ou, pour les plus imaginatifs, des verres à vin retournés (l'idée est romantique) sont en fait des bouteilles de vin rangées dans leur cageot, celui-ci se laissant deviner par la forme métallique encadrant chaque salle d'audience (car c'est bien ce que les "bouteilles" abritent).

Pour ma part, à force de le voir continuellement, je commence à me faire à son architecture mais pour connaître quelques magistrats et avocats, je sais qu'il est loin d'être pratique : paf !, nouveau défaut...

Le ventre de Bordeaux

Après
Avant

Les halles des Capucins seront l'une des dernières cibles de la maladie destructrice de la municipalité (ou presque). Édification entièrement métallique, elles sont remplacées en 1996. Il ne reste aucun vestige en lieu et place de ce qui aurait aussi pu inspirer Émile Zola pour écrire un "ventre de Bordeaux".

Marché Victor Hugo




Le marché Victor Hugo ne date pas de l'ère "chabanesque". En effet, c'est l'architecte de la ville, Charles Burguet (une notice biographique viendra dans les messages à venir) qui édifia un bâtiment en pierre et métal comme le voulait la mode industrielle. Dans les années cinquante (encore elles !) il fut détruit pour être remplacé par une construction en béton jugée plus pratique et plus "esthétique" ! La tradition de détruire tout ce qui a attrait à l'ère industrielle est une mode qui aujourd'hui encore reste en vogue dans de (trop) nombreuses villes ne résistant pas à des projets d'entrepreneurs fous et de maires mégalos. Ainsi, les halles de Paris, Toulouse, Bordeaux, Montpellier, ... furent toutes détruites. D'autres arrivèrent à survivre (par miracle), et ce même dans les villes citées à l'instant ! Comme quoi...
Il n'empêche que Bordeaux perdait ainsi une merveille de plus comme ce sera le cas quelques années plus tard avec les Capucins.

La caserne des pompiers de la Bastide


(photo actuelle de Laurent Charron, avec mes remerciements)

S'il est un bâtiment à la laideur offensante sur la rive droite de la Garonne, la caserne doit emporter le concours haut la main ! C'est du moins mon opinion...
Les bordelais l'ignorent peut être dans leur majorité mais il y avait autrefois une gare à son emplacement du nom de gare de l'Etat. Très bel édifice de la fin du XIXème siècle, dans le style architecturale de son temps, il fut détruit dans les années 50 pour laisser place à cette merveille de la modernité et du génie de la seconde moitié du XXème siècle. Ainsi, la caserne ne représente plus une mais deux erreurs du maire et de son conseil municipal de l'époque. Celle de n'avoir pas sauvée la gare et celle d'avoir érigée cette monstruosité qui, aujourd'hui encore, étouffe sous l'amiante abusive. Malgré la récente rénovation promise par Alain Juppé, il faudra une intervention divine pour faire de ce bâtiment une façade digne de la ville qui lui fait face...

La cité mondiale du Vin

Je ne suis pas foncièrement contre la Cité Mondiale du Vin mais je la placerais tout de même dans le best off des erreurs de Chaban Delmas. D'un point de vue architectural, c'est un échec dans le sens où pour construire dans un quartier historique, il faut détruire. Placée en plein cœur des Chartrons, au milieu d'habitations déjà plus que centenaires du meilleur goût, la nouvelle bâtisse à fait des dégâts.
Reconnaissons aussi qu'elle est loin de collé parfaitement au style classique de la ville, bien que le verre soit utilisé avec génie donnant ainsi une harmonie à l'ensemble et sauvant du déshonneur les architectes de cette bourde monumentale. Monumentale dans le sens où le but suprême de cette grosse dépense n'est plus, celui d'accueillir les négociants en vin et de gérer le commerce viticole du monde entier. Malheureusement, elle n'obtiendra pas la confiance des viticulteurs (que je préfèrent sous l'appellation de vignerons). Aujourd'hui, ce sont finalement un hôtel, une banque, un restaurant...qui occupent les lieux.
Ce qui est regrettable car l'idée ne manquait pas d'ambition(s).

Grand Parc : la piscine

La piscine du Grand Parc citée plus bas, entièrement rénovée. (image Bordeaux.fr)

Le Grand Parc et les Aubiers

Un autre projet important fut engendré : donner vie à deux immense déserts urbains pour développer au sein de la ville le relogement nécessaire pour être en phase avec les phénomènes des années 60. Ainsi, Bordeaux voyait arriver ses deux cités à l'image des autres grandes villes françaises. Mais une différence majeure nous sépare des autres : le calme y règne. Bien sûr, des crises furent traversée mais généralement comprises par nos maires successifs. Compréhension, c'est la qualité qui manque aux deux partis pour prétendre à une entente meilleure partout en France. Bordeaux a pris cette voie. Les quartiers voient continuellement des constructions neuves s'ajouter aux anciennes, des entreprises s'installent et surtout des infrastructures sont entretenues, rénover ou créer : prenons l'exemple de la piscine du Grand Parc.
Une vie de quartier paisible donc, soutenue par des réunions publiques et une concertation perpétuelle de la municipalité.
Le raccord avec la ville par l'arrivée du tramway est aussi une bénédiction dans les deux "cités" - le mot est mis entre guillemets car il est aujourd'hui assez péjoratif et est souvent la cause d'une généralisation des différents cas ; si je considère que le terme n'est pas très judicieux c'est parce que je prends en compte le fait qu'une cité, d'après son étymologie romaine, civitas, est un synonyme du mot ville ; or, il n'y a pas de ville dans la ville. Ces cités sont des quartiers et à ce titre, toute l'attention doit leur être accordée comme partout ailleurs : peu importe leur degrés esthétique.
Bien sûr, leur remplacement par des immeubles n'excédant pas les cinq/six étages serait plus appropriés mais c'est prendre le risque de faire la même erreur que pour Mériadeck ; car malgré son aspect austère, des gens vivent dans ces tours et aiment y habiter, du moins, en ont pris l'habitude. Une concertation (et beaucoup d'argent), peuvent laisser engendrer des possibilités de ce genre mais ce n'est nullement à l'ordre du jour de la municipalité.

Ces différentes idées sont ce pourquoi, je ne peux pas vraiment dire que le Grand Parc et les Aubiers sont un échec de Chaban Delmas :
d'abord pour la raison la plus simple et la plus générale : un "effet de mode" vaguait alors en France pour ce type de construction ne le rendant pas fautif en ce sens.
Puis pour la plus belle : l'aménagement actuel est une réussite et les deux quartiers font plus que jamais partie de la fierté de Bordeaux !

C'est ce qu'on appelle la cerise sur le gâteau !

De toute évidence, le mauvais goût n'a pas de limite(s)... Le bâtiment est, d'un point de vue architectural, notre Centre Pompidou.

Le génie des années 60-70, la suite



La tour de la CUB et des habitations.

...quoique



Une partie des résidences privées...

On a évité le pire...


Nous pouvons nous réjouir d'une chose : cette tour est la seule réalisation du premier projet qui programmait toute une série de ces bâtiments. Le manque d'argent de la mairie donna l'occasion à des entrepreneurs d'imposer leurs conditions : c'est ce qui donne le quartier actuel.

Mériadeck

Aujourd'hui considéré comme le furoncle de Bordeaux, le quartier de Mériadeck, fierté des années Chaban, n'est aujourd'hui plus que l'ombre de lui même. L'endroit est d'une relative laideur et l'architecture aux tendances esthétiquement provocantes, bien qu'elle n'ai jamais été en phase avec la ville, devient finalement gênante avec le temps. Lorsqu'il m'arrive de faire visiter la ville à des ami(e)s, je ne sais pas vraiment comment justifier la volonté passé de modernisme de notre maire face aux critiques acerbes que j'entends sur le lieu. Aussi, je vante la plus grande qualité de l'endroit, celle de concentration. N'entendez pas par là l'éventuelle piété intellectuelle que les enfants peinent à avoir au sein de leur école mais plutôt le synonyme de regroupement.
En effet, regardons la chose sous un nouvel angle : la ville, à une époque avait un incommensurable besoin d'infrastructures publiques comme une préfecture, une bibliothèque, un conseil général et régional et bien évidemment un lieu décent pour accueillir la jeune Communauté Urbaine de Bordeaux. La destruction du quartier, si elle est plus que regrettable, a donc été une bénédiction puisque ces différentes demandes ont toutes été réalisées sur un périmètre réduit (toujours trop vaste mais néanmoins réduit...).
Ainsi, nous avons pu empêcher l'élévation d'une tour en plein coeur de ville : imaginez, entre le Grand Théâtre et la place des Quinconces une sorte d'immeuble en verre et en béton de 40 mètres pour accueillir les nouveaux services policiers...

Montpellier, que je connais bien, a malheureusement souffert de cette "absence de furoncle" : si vous visitez la ville, vous pourrez vous approcher, à deux pas du magnifique théâtre de la ville, de plusieurs outrages à l'esthétique dont je peux vous citer trois exemples : le premier, ce que j'appelle la "tour-escalier", abritant la librairie Sauramps et des habitations, le second, le magasin Polygone (sorte de Centre Commercial Mériadeck) et la mairie figurant derrière les deux premiers exemples en guise de troisième (son esthétique est d'ailleurs proche de la préfecture bordelaise). A noter que ces trois bâtiments n'ont pas même la décence de se cacher derrière de la verdure (contrairement à Mériadeck).

Continuons. Pour ceux qui ne comprennent pas la volonté première du maire, voici quelques explications :
le but du projet est de se rapprocher des jardins suspendus de Babylone, ce qui explique une abondance agréable d'arbres et arbustes. Il manque encore les fleurs...
Bien évidemment, il s'agit de créer un quartier utopique, confort, esthétique et modernité. La cité a un grand besoin d'habitations nouvelles. Nous sommes à l'époque où on préfère construire neuf et pour cela détruire, plutôt que rénover.

La tristesse du lieu tient aussi à la destruction de l'un des endroits les plus atypiques, à l'image de ce que peut être Montmartre en 2009, à la différence près que l'ancien quartier était souvent proche de la ruine et de l'abandon, excuse suffisante pour ordonner sa destruction en s'ôtant tout scrupule. J'ai en tête ces photographies mettant en scène des habitants présents dans le quartier si encré dans leur coeur jusqu'à la destruction des derniers habitacles, vestiges passés de nombreux souvenirs. La ville n'a alors pas compris quel mal elle faisait à ces gens : il n'est jamais agréable de voir des bulldozers détruire sa maison, celle de ses voisins et amis, le bar dans lequel certains passaient les meilleurs moments de complicité ou cette place sur laquelle on aimait se rendre pour y faire son marché. Les brocanteurs et primeurs avaient d'ailleurs bonne réputation partout en ville : le coin des bonnes affaires d'alors...

Ces dernières années, la mairie prend note des demandes bordelaises sur le "nouveau" quartier et semble consciente de l'urgence d'une restauration prochaine. La démarche écologique du remplaçant de Chaban devrait prochainement être l'occasion d'une grande restauration qui devrait débuter par l'immeuble de la CUB. Espérons que la vie puisse à nouveau s'emparer de ce lieu et que le rire des enfants puisse effacer celui des dealers.
Ainsi, Mériadeck pourrait bien être le quartier utopique tant désiré par Jacques Chaban Delmas et son conseil : quel bel hommage alors !

Après 45, 47

Le sujet de la guerre étant clos, j'entame celui des mandats de Jacques Chaban Delmas. J'ai déjà fait l'éloge de ce maire que j'admire à tout point de vue mais comme ma lettre introductive le laisse entendre, il m'est impossible de ne faire que complimenter les élus au risque de me spécialiser dans la flagornerie. Aussi ai je décider d'entamer une série de messages relativement critiques envers notre ancien maire. Je tiens néanmoins à signaler que si des mots dépassent ma pensée je m'en excuse auprès de ceux qui comme moi sont reconnaissants de l'oeuvre de cet homme.

Epave


L'épave la plus grande du fleuve , en face de la Bourse maritime.

Bordeaux et Paris dans la guerre : une similitude de taille.

Probablement la dernière page faisant état de la guerre avant de passer aux années Chaban :

Bordeaux compte une similitude forte avec Paris, en plus des "grands classiques généralement servis par les assoiffés de la mitraille " : des bombardements, l'occupation et le martyr de la population.
Une fois la défaite annoncé - ou du moins inévitable - de l'occupant au courant de l'été 1944, les ordres que ceux ci reçurent furent les mêmes pour les deux villes : la destruction des monuments les plus remarquables et des axes de communications, ponts en tête. Nous savons que le sort de Paris fut aux mains du Général allemand von Choltitz que je me garderai bien de faire passer pour un héros, l'homme, de sa propre confession, ne cherchait qu'à minimiser sa responsabilité en refusant d'obéir au dernier ordre d'Hitler sur la capitale française...

Pour ce qui est de la sauvegarde de Bordeaux, elle est beaucoup plus mystérieuse et aujourd'hui peu de monde sait qu'elle catastrophe aurait pu subir la ville si un homme n'était pas intervenu. Contre toute attente, celui ci est un soldat allemand, refusant de voir anéantir cette cité qu'il aime tant. Il décide alors de "mettre un coup de pression" chez ses collègues en faisant sauter le dépôt d'explosifs allemands, rue de la Raze: le résultat fut sans appel, un incendie de plusieurs jours fait rage et le nuage de fumée noir suffit à impressionner le général qui décide, persuadé que c'est là un avertissement de la résistance bordelaise, de négocier le départ des troupes en toute sécurité. En échange de quoi le port et le pont de pierre pourront être sauvés de la destruction déjà programmée dans ses moindres détails.
Il décide tout de même de paralyser le port en coulant des navires au nombre impressionnant de 202, entre la Pointe de Grave et la cité bordelaise. (En tout, ce sont dix années qui seront nécessaire pour renflouer la quasi totalité des épaves).

La ville attendra le 28 août 1944 pour être libérée. Les allemands ont laissé place aux FFI,FTPF et guérilleros espagnols à la grande inquiétude des bordelais qui subissent une seconde invasion, tout aussi violente (les purges font rage) : il faut attendre l'arrivée du jeune Général Jacques Chaban Delmas puis celle du Général de Gaulle pour que l'ordre revienne définitivement sur la cité bimillénaire.

Grâce à l'intervention de cet homme courageux à qui je rends hommage par ce message, Bordeaux a éviter le cataclysme de voir sa belle architecture mise à mal.

Adrien Marquet


Le maire socialiste dans son bureau au Palais Rohan.

Adrien Marquet

Il ne me reste plus grand chose à dire sur l'ancien maire de Bordeaux : dentiste de profession, il voua toute sa vie à Bordeaux en tant que député puis maire et deviendra au fil des années, lors de la création de la SFIO ministre de Gaston Doumergue, (président le plus socialiste de notre histoire à en croire certains historiens).

En effet, tantôt conseiller municipal de Bordeaux en 1912 puis conseiller général et député en 1924 Adtrien Marquet se voit offrir la mairie de Bordeaux par l'électorat bordelais. La ville vire à gauche.
Très rapidement, on lui reproche de vouloir faire de Bordeaux ce que Mussolini à fait de Rome, ce avec les mêmes méthodes. Son socialisme devient vite pour certains une sorte d'extrémisme sans vraiment savoir de quel côté il penche. Il est d'ailleurs exclu par Léon Blum du SFIO, ce qui le décide à fonder son propre parti, le Parti Socialiste de France (PSDF) avec Pierre Renaudel et Marcel Déat. Ce dernier décide à son tour de l'exclure.
Il entre pourtant au ministère Doumergue aux côtés de Pétain et Laval en devenant le temps de quelques mois en 1934 ministre du Travail.
En 1935, il fonde le parti néo-socialiste et l'année suivante est élu à la députation une nouvelle fois.

La guerre éclate et son rôle durant ces années est suffisamment décrit dans le message précédent pour ne pas être répété ici. Conscient que sa carrière politique est, aux lendemains de la guerre, vaine, il décide de militer pour Fernand Audeguil qui le remplaça jusqu'en 1947, date de l'élection de Jacques Chaban Delmas, que Marquet n'apprécie guère.
Il lutte donc du côté de l'anticommunisme et, en 1955, alors qu'il défend ses idées face à une droite tenace, il meurt d'une crise cardiaque.
L'excellent ouvrage d'Hubert Bonin, de Bernard Lachaise et de Françoise Taliano-des Garets décrit avec simplicité ce qui a été sa vie : Adrien Marquet, les dérives d'une ambition : Bordeaux, Paris, Vichy (1924-1955). Il est à lire par ceux qui souhaite en connaître d'avantage sur l'homme mais aussi le maire, la ville, la France et même le Monde durant ces décennies.

Bordeaux + Seconde Guerre Mondiale = ville martyre ?

Comme l'a annoncé le message précédent, je souhaite vous faire partager mes points de vues sur notre ville et les différentes phases du plus grand conflit mondial, du moins le plus meurtrier et le plus atroce.

Notre maire, Adrien Marquet , glorieux personnage de la IIIème République, socialiste convaincu et orateur de génie, tient Bordeaux depuis 1925. Il a engendré avant 1940 de très nombreuses réalisations comme le stade Lescure, la piscine Judaïque, la Bourse du Travail, le nouveau et très moderne Centre du Gaz de Bordeaux, la rénovation de nombreux lieux comme le Jardin Public, la construction des hangars des quais et est l'auteur de nombreux projets à commencer par la place de la Victoire ou le quartier de la Gare, jamais réalisés : le tout, bien souvent, sous l'égide de son architecte royaliste (le rapprochement politique entre les deux hommes est amusant), Jacques d'Welles.

L'homme est très apprécié des bordelais qui ont la réputation d'aimé leur maire comme leur roi, ce qui n'est pas fondamentalement faux, encore aujourd'hui : pour preuve, Adrien Marquet est élu trois fois (1925 à 1944), Jacques Chaban Delmas huit fois ! (1947 à 1995) et Alain Juppé quatre fois (1995 à 2004 et 2006 à aujourd'hui) : l'électeur est fidèle.

Seulement, Marquet commence dès 1933, lors du 30e Congrès du SFIO à tenir certains propos qui défendent "l'ordre, l'autorité et la Nation": Léon Blum est consterné. Nous ne sommes pas surpris alors de comprendre le respect que s'éprouvent Laval et lui même, tous deux faisant partie du même ministère Doumergue.
Lorsque la guerre se déclenche, il se met au service du Maréchal Pétain et devient son ministre de l'Intérieur. Son honneur est sauf lorsqu'il est remplacé, probablement parce qu'il refuse de signer les lois antisémites.
Son rôle à Bordeaux n'est pas moins important : il réussit un exploit, celui de faire maintenir le drapeau français sur la Palais Rohan jusqu'en 1942, date à laquelle la résistance bordelaise prend un essor considérable, à l'image des autres régions françaises occupées. Tant bien que mal, il essaya de préserver le patrimoine bordelais mais ne pût sauver les statues de la ville, quasiment toutes fondues à l'exception de Tourny, du monument aux mobiles de 1870-1871 et de la liberté se libérant de ses chaînes (en effet, les nazis ne pourront la déboulonner la grue étant trop petite...).

Pour entrer dans le vif du sujet, Bordeaux est elle une ville martyre ?

En quelques sortes si l'on considère qu'elle a été occupée dès 1940 en tant que port de l'Atlantique et que de nombreux bombardements furent effectués de 1940 à 1944. Nous sommes loin des dégâts de Brest, de Royan ou du Havre mais la ville a payer un lourd tribu au destin cruel de ce conflit par des milliers de morts et la destruction de certains de ses édifices comme une partie de la place de la Bourse, dont le bâtiment de la Douane fut partiellement détruit à l'exception des murs.
Ainsi, à l'image de nombreuses autres villes, le mot destruction et toute sa cour ont accompagné la ville durant ces quatre années : patrimoine en danger, habitants tués ou massacrés, juifs raflés, résistants fusillés, honneur français bafoué...
Malgré tout, il faut reconnaître qu'Adrien Marquet a réussit à éviter de nombreuses autres souffrances à Bordeaux : lors de son arrestation en 1944 et de sa comparution en 1947, il fut soutenu par le grand rabbin de Bordeaux et de Paris pour l'aide discrète qu'il a tenté d'apporter à la population juive de la ville puis par d'autres, libérés du fort du (prison à l'époque de Bordeaux) grâce à lui. Une amie du maire a avoué avoir entendu dire de celui-ci que la guerre était chaotique, ce dès 1942. Le maire de Bordeaux ne manqua pas de signaler ses erreurs à certains de ses partisans de confiance. Cela suffit à le faire libérer mais le déshonneur national lui fut attribué en tant qu'ancien membre du gouvernement de Vichy.

Bordeaux fut donc une ville martyre en admettant que toute la France peut être désignée ainsi. Nous restons néanmoins loin des actes de barbarie nazi tel Oradour-sur-Glane... Mais il faut cesser cette croyance populaire qui consiste à dire que la ville durant ces quatre années s'est amusée à organiser des expositions antisémites sans jamais souffrir des différents comportements militaires et autoritaires nazis.

Bordeaux et les guerres...

Il me parait important de pouvoir définir des bases solides à mon travail de "critique urbain" afin de pouvoir être cohérent dans mes propos à chaque instants où mes qualités d'historien feront appel au passé. Une explication rapide de certains passages le plus souvent fort de Bordeaux méritent d'être éclaircis avec des prises de positions personnelles tenant compte de l'avis de certains de mes amis.
C'est le cas notamment de la Seconde Guerre Mondiale où la ville fait souvent figure de figurante dans l'histoire des ports de l'Atlantique au moment de cette période trouble, s'éclipsant ainsi face au Havre, à Saint Nazaire ou encore à Brest.
Pourtant, aucune ville de France n'a connu une telle médiatisation que Bordeaux au débuts de nos conflits si ce n'est Paris. En effet, que ce soit en 1870-1871, en 1914 ou en 1940, la capitale girondine a aussi été la capitale de la France. Nos théâtres sont devenus les sièges du Sénat ou de l'Assemblée Nationale, de la même manière que nos palais (mairie ou préfecture) ont accueillis en leur sein les têtes illustres de la IIIème République. En 1940, c'est même certains hôtels qui reçoivent des ministres (hôtel Splendid).
Voici une liste de quelques infrastructures occupées par la République :

1870 : le Grand Théâtre devient l'Assemblée Nationale.

1914 : le Palais Rohan devient la résidence du président du conseil et du ministre Viviani
Le théâtre l'Alhambra accueille la chambre des députés
La faculté de Médecine se transforme en ministère de la Marine
Les différents cafés voient en leur terrasse de nombreuses personnalités politiques à la grande joie des bordelais

1940 : le Palais Rohan accueille Pétain et Laval
L'Hôtel du Général, cours Vital-Carles devient le quartier général de Weygand et du président Lebrun (c'est dans ce même lieu que De Gaulle décide de quitter la France via l'aéroport de Bordeaux à Mérignac pour entamer la résistance)
L'école Anatole France se transforme en Chambre des Députés et le Cinéma Capitole, rue Judaïque en Sénat
Enfin, la faculté de Droit place Pey Berland, accueille les Affaires étrangères, malheureux lieu de départ de l'Armistice.

Quant à la ville, c'est toute une population fuyante qu'elle voit arriver par son fameux pont.

jeudi 21 mai 2009

Jacques Chaban Delmas

(Copyright, A éditions)

Nous avons pour habitude, dans notre XXIème siècle confortable, de critiquer l'action passée des maires de nos villes parce que le premier n'a pas fait ça et que le deuxième l'a mal fait. A Bordeaux, le syndrome est virulent. Jacques Chaban Delmas est le bouc émissaire d'un demi siècle de défigurations urbaines à en croire les partisans du mensonge. Car pourtant et même s'il faut reconnaître que des autorisations de construire n'auraient pas dû être signées, des monuments mieux préservés (la liste sera probablement faîte dans les messages à venir), Chaban fut un excellent maire et un homme politique talentueux. Ceux qui affirment le contraire sont des ingrats ou des ignorants : dans les deux cas, ils sont fautifs d'un mauvais jugement.
Voici la liste exhaustive des réalisations de Monsieur Chaban Delmas : il a commencé par le plus difficile, relevé Bordeaux de la guerre et ré entamer les programmes de rénovations de notre patrimoine. Il a fait du port de Bordeaux le plus important de France, devant Marseille et le Havre. Il a engendré de vastes plans de logements et est à l'origine de la création de la Communauté Urbaine de Bordeaux. Il est à l'origine également de nombreuses infrastructures : des ponts (celui d'Aquitaine, Saint Jean et d'Arcins aujourd'hui Mitterand), des quartiers (ceux du Grand Parc, des Aubiers et de Mériadeck suivant les règles urbanistiques de l'époque), des différentes rénovation et de l'agrandissement du Stade Lescure (aujourd'hui Chaban Delmas), de la construction du stade Alfred Daney, de la modernisation de la piscine Judaïque et de la création de celle du Grand Parc, de la construction d'une patinoire et d'une bibliothèque, côte à côte, de la création du Parc des expositions, du Palais des Congrès, du Conservatoire de musique, de l'élaboration du campus universitaire et enfin de la création des musées d'Aquitaine et d'Art contemporain.
Nous pouvons ajouter à cette liste une préservation du patrimoine importante à l'époque où les villes reprennent goût à leur histoire, à commencer par le Grand Théâtre, la colonne des Girondins, la cathédrale Saint André ou tout simplement des édifices mutilés par le temps qui grâce à sa volonté ont repris forme avec les années notamment dans le cours de l'Intendance. Enfin et bien évidemment, le lancement de nombreux projets à commencer par celui des quais ou de la Bastide.

Ainsi, ces réalisations, dont certaines sont colossales, méritent de rappeler, pour commencer cette aventure virtuelle dans laquelle je m'engage, que Jacques Chaban Delmas mérite sa place dans le coeur des bordelais en tant que bienfaiteur de notre ville.

Lettre aux blogueurs bordelais et amis de la ville

Depuis plus d'une décennie maintenant, Bordeaux a connu une merveilleuse métamorphose et certains n'hésitent pas à avancer l'idée d'un renouveau, à l'image du légendaire phœnix renaissant de ses cendres. L'image est peut être forte mais pour ceux qui comme moi ont connu la ville avant Alain Juppé (car c'est bien lui qui joue avec la santé de notre phœnix...), elle leur paraîtra juste. Aussi, je souhaite remercier de tout cœur cet homme qui, par son travail et sa générosité, a transformé comme personne n'aurait pu le faire , la capitale aquitaine.
Néanmoins, ce blog ne peut constituer un nouvel éloge au maire et son conseil, et n'a pas le but d'être un ciber-détracteur. Seulement de critiquer certaines positions et d'en féliciter d'autres avec le maigre espoir que cette passion qui est la mienne et tout ce qui l'accompagne puisse un jour résonner dans les bureaux du Palais Rohan, au moins celui du successeur de Montaigne.