vendredi 22 mai 2009

Mériadeck

Aujourd'hui considéré comme le furoncle de Bordeaux, le quartier de Mériadeck, fierté des années Chaban, n'est aujourd'hui plus que l'ombre de lui même. L'endroit est d'une relative laideur et l'architecture aux tendances esthétiquement provocantes, bien qu'elle n'ai jamais été en phase avec la ville, devient finalement gênante avec le temps. Lorsqu'il m'arrive de faire visiter la ville à des ami(e)s, je ne sais pas vraiment comment justifier la volonté passé de modernisme de notre maire face aux critiques acerbes que j'entends sur le lieu. Aussi, je vante la plus grande qualité de l'endroit, celle de concentration. N'entendez pas par là l'éventuelle piété intellectuelle que les enfants peinent à avoir au sein de leur école mais plutôt le synonyme de regroupement.
En effet, regardons la chose sous un nouvel angle : la ville, à une époque avait un incommensurable besoin d'infrastructures publiques comme une préfecture, une bibliothèque, un conseil général et régional et bien évidemment un lieu décent pour accueillir la jeune Communauté Urbaine de Bordeaux. La destruction du quartier, si elle est plus que regrettable, a donc été une bénédiction puisque ces différentes demandes ont toutes été réalisées sur un périmètre réduit (toujours trop vaste mais néanmoins réduit...).
Ainsi, nous avons pu empêcher l'élévation d'une tour en plein coeur de ville : imaginez, entre le Grand Théâtre et la place des Quinconces une sorte d'immeuble en verre et en béton de 40 mètres pour accueillir les nouveaux services policiers...

Montpellier, que je connais bien, a malheureusement souffert de cette "absence de furoncle" : si vous visitez la ville, vous pourrez vous approcher, à deux pas du magnifique théâtre de la ville, de plusieurs outrages à l'esthétique dont je peux vous citer trois exemples : le premier, ce que j'appelle la "tour-escalier", abritant la librairie Sauramps et des habitations, le second, le magasin Polygone (sorte de Centre Commercial Mériadeck) et la mairie figurant derrière les deux premiers exemples en guise de troisième (son esthétique est d'ailleurs proche de la préfecture bordelaise). A noter que ces trois bâtiments n'ont pas même la décence de se cacher derrière de la verdure (contrairement à Mériadeck).

Continuons. Pour ceux qui ne comprennent pas la volonté première du maire, voici quelques explications :
le but du projet est de se rapprocher des jardins suspendus de Babylone, ce qui explique une abondance agréable d'arbres et arbustes. Il manque encore les fleurs...
Bien évidemment, il s'agit de créer un quartier utopique, confort, esthétique et modernité. La cité a un grand besoin d'habitations nouvelles. Nous sommes à l'époque où on préfère construire neuf et pour cela détruire, plutôt que rénover.

La tristesse du lieu tient aussi à la destruction de l'un des endroits les plus atypiques, à l'image de ce que peut être Montmartre en 2009, à la différence près que l'ancien quartier était souvent proche de la ruine et de l'abandon, excuse suffisante pour ordonner sa destruction en s'ôtant tout scrupule. J'ai en tête ces photographies mettant en scène des habitants présents dans le quartier si encré dans leur coeur jusqu'à la destruction des derniers habitacles, vestiges passés de nombreux souvenirs. La ville n'a alors pas compris quel mal elle faisait à ces gens : il n'est jamais agréable de voir des bulldozers détruire sa maison, celle de ses voisins et amis, le bar dans lequel certains passaient les meilleurs moments de complicité ou cette place sur laquelle on aimait se rendre pour y faire son marché. Les brocanteurs et primeurs avaient d'ailleurs bonne réputation partout en ville : le coin des bonnes affaires d'alors...

Ces dernières années, la mairie prend note des demandes bordelaises sur le "nouveau" quartier et semble consciente de l'urgence d'une restauration prochaine. La démarche écologique du remplaçant de Chaban devrait prochainement être l'occasion d'une grande restauration qui devrait débuter par l'immeuble de la CUB. Espérons que la vie puisse à nouveau s'emparer de ce lieu et que le rire des enfants puisse effacer celui des dealers.
Ainsi, Mériadeck pourrait bien être le quartier utopique tant désiré par Jacques Chaban Delmas et son conseil : quel bel hommage alors !

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